Je suis arrivé à Paris en 1991, en pleine explosion du courant musical Shoegazing. C’est avec cette musique que j’ai touché le fond pour mon plus grand plaisir, contradictoire mais véridique. Désolé, car c’est une série de quatre articles.
Triste et chaotique, voilà comment je peux décrire mon arrivée à Paris. Je sortais d’une relation qui avait duré dix (longues) années. Je venais, aussi, de me rendre compte que ma société de diffusion de livres allait droit vers la faillite.
J’avais trouvé un studio dans le quartier de La Goutte d’Or, juste en face du Square Léon, près de l’église Saint Bernard. Et je dois dire que ce fut une expérience assez éprouvante. J’habitais dans un immeuble qui était situé juste à côté de celui à propos duquel Jacques Chirac avait parlé du bruit et de l’odeur lors de son abominable discours. J’étais présent le jour de sa visite avec des policiers et des journalistes partout.
Sans être aussi caricatural, je peux vous assurer que la vie dans mon immeuble fut haute en couleur, bruit, effluves en tout genre, dealers, junkies, prostituées, familles très nombreuses, cage d’escalier en ruine, douches à travers le plafond, plafond qui tombe, ribambelle d’enfants adorables mais envahissants. Mais ce n’est pas le sujet de cet article.
Je me trouvais donc dans un état proche du désespoir.
Si vous avez déjà parcouru ce blog, vous aurez compris que la musique m’est indispensable pour (bien) vivre. Et si, lors de mon déménagement, j’avais laissé beaucoup de mes affaires à Toulouse, j’avais pris soin d’emporter tous mes disques et ma chaîne. Quel déménagement épique !
Etant un grand admirateur label 4AD , j’avais réussi à être le diffuseur, en France, du catalogue de l’exposition au CRDC de Nantes du graphiste du label, le regretté Vaughan Oliver et v23.
Lors du vernissage de février 1990, j’assistai sonné aux concerts des groupes Lush, The Pales Saints, les fabuleux Wolfgang Press et enfin Pixies, dont j’avais adoré les deux premiers albums.

J’ai donc découvert ce courant musical, qui allait s’appeler Shoegazing, à ses prémices.
Le journal “NME définit le genre sous le terme de The Scene That Celebrates Itself, attribué au shoegazing et à d’autres groupes londoniens au début des années 90. Le terme The Scene that Celebrates Itself est quelque part attribué à la première vague de shoegazers. La presse spécialisée les considère comme égocentriques, privilégiés et de classe moyenne.
Le nom est attribué pour la première fois par le magazine Sounds à un concert du groupe fraîchement formé Moose dont le chanteur Russell Yates lit les paroles indiquées sur le sol” Source Wikipedia.
C’était un son qui était facilement reconnaissable grâce à la distorsion de ses guitares, et qui, souvent, faisait presque disparaître les voix des chanteurs.
Avec des paroles et les mélodies qui ne dégageaient pas une joie de vivre, cette musique était parfaite pour mon état du moment.
Je n’ai pas résisté à citer la définition Wikipedia car cela me décrivait un peu : “égocentriques, privilégiés et de classe moyenne”. Et je rajouterais “bien blancs”.
Car oui, j’étais désespéré, mais j’avais la chance d’avoir des parents qui m’aidaient. Ce statut privilégié m’avait permis de partir m’installer à Paris pour refaire ma vie.
Certes, au début, j’étais vraiment dans un sale état mais, ensuite, je me suis retrouvé en mode auto-apitoiement et cela a duré quelques mois. Il fallait vraiment que je trouve ce que j’allais faire de ma vie.
Alors voici la musique qui m’a accompagné dans mon chemin vers le bonheur… Youhou !
Il y avait, bien sûr et toujours et encore, les Cocteau Twins mais aussi The Pale Saints, Lush, Swallow, Chapterhouse, Curve, Cranes, A.R. Kane, Teenage Filmstars, My Bloody Valentine mais surtout Slowdive et The Boo Radleys. La playlist Spotify est fin d’article.
Ma période de forte déprime a duré de mai 1991 à mars 1992. C’est alors qu’un disque a marqué le moment où j’ai vraiment touché le fond, un concert m’a sauvé de la noyade et un autre disque a acté la fin de mon état dépressif “nombriliste”.
Je ne sais pas si Jacques Chirac avait entendu le bruit qui venait de mon appartement, mais je peux vous assurer que j’ai beaucoup participé au volume sonore de mon immeuble. Pourtant, je n’ai jamais eu de plaintes !
à suivre
Moment Magique – Primal – Slowdive -1991
Un concert : My Bloody Valentine – Olympia – 17 mars 1992
Moment Magique – Spaniard – The Boo Radleys – 1992
