La suite du récit musical de mon arrivée à Paris dans lequel j’évoque le concert de My Bloody Valentine qui sonna la fin de ma déprime qui n’avait que trop duré.
Vous pouvez lire la première partie ici et la deuxième partie ici
J’avais dissout ma société et j’essayais de trouver du travail dans le milieu de l’édition. Mais, ma seule expérience dans le livre, était une expérience de libraire. D’autre part, ma faillite faisait tache sur mon CV. Je réussis à trouver un poste de commercial dans une petite maison de diffusion de livres d’art. Mes employeurs et collègues étaient odieux et j’étais sur les routes en permanence. Oh, que j’ai détesté travailler pour ces gens là….
Mais, coup de pouce du destin, j’eus la bonne idée de me tordre méchamment la cheville en plein Barbes, lors d’une visite de mes parents. Evanouissement, douleur extrême, je n’allai donc pas travailler pendant deux semaines. Ce fut ainsi que j’appris mon licenciement avec un grand soulagement.
Cependant, comme je ne connaissais personne dans le milieu de l’édition et que je me sentais incapable de postuler, je me retrouvai dans une impasse.
A partir de ce moment-là, je vécus quatre mois très durs qui s’achevèrent avec un concert.
C’est alors que mes amis vinrent à la rescousse.
Je retrouvai mon amie Dominique et son adorable Lysa. Elles m’apportèrent beaucoup de douceur et de calme. Et plus tard, non des moindres, Philippe L. et Claire, mes deux complices à Toulouse, m’apportèrent folie et légèreté.
Grâce à eux, je remontai la pente lentement.
Et enfin, le concert de My Bloody Valentine à l’Olympia sonna le glas de mon état proche de l’Ohio.

Ce concert était une évènement car leur album Loveless avait fait beaucoup parler de lui.
Voilà ce que dit Arnaud Viviant, dans les Inrockuptibles, à sa sortie : “My Bloody Valentine, sans pour autant sortir du carcan rock, a en effet inventé quelque chose. Aux notions ordinaires de notes de musique ou de séquences synthétiques, ils ont substitué celle – plus atmosphérique – d’onde. Ils jouent des ‘ondes’, c’est-à-dire avec des déformations, des ébranlements, des vibrations du son. La musicalité de l’ensemble tient alors aux élongations, à la direction de la propagation, à l’amplitude, à l’ondulation, à la diffraction, à la résonance, à la crête de ces ondes. La musique, nous dit-on, est l’art de combiner des sons. Avec My Bloody Valentine, elle devient l’art de combiner des ondes musicales en tripatouillant leurs fréquences.”
Philippe R, ami et complice musical toulousain avait fait le voyage ; Claire et Dominique étaient aussi de la partie.
Dominique n’avait entendu pas une seule note du groupe avant le concert 😱
Le son de My Bloody Valentine est caractérisé, pour simplifier exagérément, par une distorsion extrême de guitares et de claviers, auxquels viennent s’ajouter des voix que l’on devine seulement. Le tout assez mélodique mais difficile à cerner pour celles et ceux qui ne sont pas habitués à ce style de musique.
Alors, en concert, il était déjà difficile, pour ceux qui avaient écouté l’album, de reconnaître ce que nous entendions. Vous pouvez imaginer pour les autres.
J’ai adoré le concert qui fut assez court.
Et tout d’un coup, nous avons eu droit à un mur du son, qui a duré 30 minutes. Le groupe appelait ce moment de fin de concert “The Holocaust”. Une boucle de sons Larsen, de guitares triturées, saturées, un éclairage blanc stroboscope, le tout d’une violence inouïe.
Je me souviens que nous nous sommes tous regardés, nous avons ri, et puis nous avons commencé à être agacés. En tout cas, je l’étais, j’ai même crié. Pas de problème, personne ne pouvait m’entendre.
Et là, je me suis dit : “Stop, stop, stop, cela suffit. C’est fini !”
Je me revois quittant la salle en colère car je trouvais cette fin de concert ridicule et en même temps soulagé. Comme si j’avais expulsé toute la tristesse et le désespoir qui était en moi.
Ce fut le véritable électrochoc salutaire !
Le petit cercle qui était allé voir le concert était, je crois, dans le même état. Et, bien sûr, Dominique a bien ricané. Nous ne sommes même pas allés boire un verre après concert, tout le monde est rentré.
Quelques jours après, j’ai eu un entretien pour un poste de réceptionniste de nuit dans un hôtel de la place Clichy. J’ai été embauché, sans aucune expérience, pensant que cela serait provisoire.
Voici la chronique du concert par le journal Magic. Nous avions tous vécu une expérience similaire.
Et voici 5 minutes de ce que je vous ai décrit :
A suivre
Moment Magique – Spaniard – The Boo Radleys – 1992