Suite et fin du récit de mon arrivée à Paris avec Spaniard de The Boo Radleys, le morceau qui a marqué la fin de ma dépression mais qui a sûrement désespéré mes voisins !
Vous pouvez lire la première partie ici, la deuxième ici et la troisième ici
Les mois suivants ma prise de poste à l’hôtel ont été assez intenses. Je découvrais un nouveau métier et il me fallut un peu de temps pour accepter de dire adieu à ma carrière dans l’édition.
Je sortais beaucoup grâce à Philippe L.. Ce n’était plus pour m’oublier mais plutôt pour m’amuser et vous pouvez me faire confiance.
A partir de ce moment là, tout a commencé à s’améliorer.
Un studio bien plus grand s’est libéré à côté du mien et je m’y suis installé. Il y avait une vraie cuisine et même une cheminée en état de marche ! Claire est devenue ma voisine et nous avons fait connaissance avec un charmant voisin avec qui nous avons passé de belles soirées musicales.
La solitude avait fini de me peser et j’avais décidé de faire une pause sentimentale.
Il y avait encore des haut et des bas mais, travaillant, je ne pouvais plus laisser la place à ces crises de désespoir qui me paralysaient.
Prenant de l’assurance dans mon travail et commençant à aimer le monde de l’hôtellerie, je me permis de penser que je pourrais y trouver ma place. Je réussis rapidement à trouver un meilleur poste dans un grand hôtel un peu plus prestigieux, dans le quartier des Halles.
A cette période, je me mis à sortir avec encore plus de fréquence avec Philippe L., Claire ou Dominique. Nous nous sommes retrouvés dans des lieux tellement improbables. C’est à cette période que j’ai découvert et commencé à aimer la house.
Régulièrement, le lundi matin, je sortais du Kit Kat, pour aller directement à l’hôtel faire une centaine de départs. Souvent, je disais bonjour à des clients avec qui j’avais dansé une partie de la nuit. 🥳
J’étais vraiment arrivé à Paris, prêt pour une nouvelle vie !
D’ailleurs, c’est peu de temps après que je rencontrai mon amoureux, mon pacsé, mon fiancé, mon mari. 💍
Parlons musique maintenant !
Je n’avais pas abandonné un de mes passe-temps favoris qui était d’écumer tous les disquaires indépendants parisiens.
J’achetai Everything’s Alright Forever des The Boo Radleys car il était publié par Creation, label de Slowdive et My Bloody Valentine. Et puis, il y avait ce titre fort prometteur : Tout va bien pour toujours.
Dès la première écoute, je suis resté bloqué sur le premier titre, Spaniard, et cela m’a empêché d’écouter l’album dans son ensemble.
Pauvres voisins !
Chaque fois que j’écoutais Spaniard, à très haut volume, j’avais envie de l’écouter à nouveau et encore. Il m’était impossible passer au morceau suivant. Il a fallu que je découvre le reste de l’album, indépendamment, en évitant le premier titre.
Pour moi, Spaniard est un morceau parfait. Trente ans après, je pense et ressens toujours la même chose à chaque écoute.
Tout débute avec des voix d’enfants au lointain et quelques accords de guitare flamenca avec un rire. Puis, le chant commence doucement comme une berceuse ou une prière avec la guitare distordue mais discrète et tout en délicatesse, le tout très mélodieux mais aussi très mélancolique.
Et tout d’un coup, à partir de 2:26, une trompette de style Mariachi, sortie de nulle part, développe sa magique complainte mais avec une certaine superbe qui déjoue toute inclinaison à la tristesse. Elle est accompagnée d’une nappe qui ressemble à un choeur et ajoute une grande intensité.
Je dirais que c’est un lamento revendicatif qui chasse toute passivité devant l’épreuve, qui balaie tout obstacle. C’est un feu d’artifice épique qui ne laisse aucune place au désespoir, un sentiment de triomphe.
J’ai fait miennes les dernières phrases des paroles de la chanson, m’adressant à ma déprime :
I’ll word it nice and clean
I’ve given you all that I have
But if that’s not enough I’m sorry
Je vais le formuler gentiment et proprement
Je t’ai donné tout ce que j’avais
Mais si ce n’est pas assez, je suis désolé
Voilà ce que j’ai entendu et ressenti à la première écoute de ce morceau : La fin des idées noires et de l’auto-apitoiement, la revendication de jours meilleurs, le retour d’une force inébranlable, la victoire sur cette mauvaise passe.
Je peux vous assurer que ce fut réellement salutaire et que cela contribua au retour des beaux jours. Chaque fois que j’écoute Spaniard, j’ai cette sensation grisante d’invincibilité.
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