Moment Magique : David Sylvian – The Devil’s Own – 1987

Choisir un morceau de The Secrets of the Beehive de David Sylvian est un véritable casse-tête. Après maintes écoutes, The Devil’s Own l’a emporté car il est l’illustration parfaite d’un moment magique.

Note : Cet article comportent beaucoup de liens qui pourront, je l’espère, vous permettre de découvrir l’univers de plusieurs musiciens ultra talentueux.

1 – David Sylvian et Ryuichi Sakamoto, le duo prodigieux

J’ai découvert David Sylvian, en 1983, lorsqu’il a interprété la chanson du film Furyo (Merry Christmas Mr Lawrence). Sa collaboration avec Ryuichi Sakamoto, Forbidden Colors, m’avait bouleversé. Et 40 ans après, ce morceau continue à me toucher chaque fois que je l’écoute.

J’avais adoré le film, la BO. Et surtout, j’avais fantasmé sur le duo Sakamoto et Bowie, splendide et troublant.

Cela m’a donné envie de découvrir Japan, le groupe que David Sylvian avait créé avec son frère, le talentueux Steven Jansen, le regretté Mick Karn et Richard Barbieri . J’ai vraiment adoré certains titres dont Nightporter et Ghosts

C’est plus tard que j’ai commencé à m’intéresser au travail de Ryuichi Sakamoto. Après un début de carrière avec son groupe Yellow Magic Orchestra, celui-ci est devenu un grand compositeur de musique classique, expérimentale, musique de films et un grand arrangeur. Sa discographie est tellement riche.

David Sylvian et Ryuichi Sakamoto avaient commencé une collaboration en 1982 sur le titre Bamboo House. Ils n’ont jamais cessé de collaborer jusqu’à la disparition de Ryuichi Sakamoto en 2023.

2 – The Secrets of the Beehive, disque parfait

C’est sa pochette magnifique qui m’a fait acheter The Secrets of the Beehive car je ne suivais pas l’actualité de David Sylvian. Elle avait été imaginée par 23 Envelope, qui s’occupait, alors, de la création de toutes les pochettes de 4AD, label des Cocteau Twins, Dead Can Dance, This Mortal Coll, etc.

Le disque est paru en Octobre 1987. Je me souviens particulièrement de sa sortie. En effet, la période émotionnelle que je traversais était assez chaotique et ce disque a libéré le flot de larmes que je réprimais depuis de long mois. Il m’a submergé sans retenue.

Rares sont les disques qui ont eu cet effet, mais le choc esthétique et émotionnel a été immense. Par les mélodies, les paroles, les arrangements somptueux, les cordes et les bois, c’est, pour moi, un disque parfait. The Secrets of the Beehive fait partie du top de mes albums préférés. La richesse de l’oeuvre de David Sylvian est inépuisable.

La présence de Ryuichi Sakamoto est plus notable que sur son album précédent, Brilliant trees, sorti en 1984. Même si il y a des touches de jazz contemporain, The Secrets of the Beehive est moins expérimental, plus accessible immédiatement.

Pour cet album, David Sylvian décide d’utiliser beaucoup d’instruments classiques. Il confie les arrangements à Ryuichi Sakamoto. Ce choix contribuera largement à sa richesse.

Depuis presque 40 ans, j’y reviens régulièrement, avec la même émotion. Il est vrai que, si je n’éclate plus en sanglots, des titres comme Orpheus et The Devil’s Own me bouleversent immanquablement.

Mais je vous parlerai de Orpheus, morceau fétiche et moment magique renversant, une autre fois.

3 – The Devil’s Own, moment magique (et tragique)

Lorsque j’écoute The Devil’s Own, je vois une lutte entre les ténèbres et la lumière, la menace balayée par la présence de l’être aimé. Le texte est très poétique mais pas vraiment explicite. Je me suis donc fait tout un film, sûrement influencé par ma vie d’alors.

C’est un morceau court. Il commence de manière très minimaliste, voix et piano avec un texte très sombre où il est question d’un orage, du diable, d’un danger qui rôde.

Puis à 1:12, la mélodie change complètement. Les bois, peut être des hautbois, apportent une douceur, une impression de sécurité. Le texte illustre bien cette sensation.

Cela dure une trentaine secondes, une sensation de temps suspendu, de légèreté, de bonheur furtif avec l’être aimé.

Et le morceau reprend sa marche sombre.

Underneath the vine shaded by the leaves
I still hold you close to me beneath the open stars
Beneath the pillows and the sheets,
I hold you dear to me

En dessous de la vigne ombragée par les feuilles
Je t
‘étreins sous les étoiles clairsemées
Sous les oreilles et les draps,
je te garde précieusement

Le texte en entier

The Devil’s Own est vraiment typique : Chaque fois qu’il commence, j’attends avec impatience le moment magique puis je suis frustré car il est passé trop vite ! Alors je rejoue le morceau 🙂

Un texte qui parle de The Devil’s Own et de sa création (en anglais)