Être de Montauban : La corruption de mineur
Savez-vous la différence entre, pédérastie, pédophilie, pédocriminalité, la corruption de mineur ? Voici quelques définition à savoir avant de lire la suite de cette histoire…
L’inculpation de tous les prévenus de l’affaire de Montauban portait cet intitulé : “Acte impudique et contre nature sur la personne de mineurs de leur sexe.”
C’est lorsque j’ai lu les articles de presse concernant cette affaire que j’ai souhaité en savoir plus. En effet, la notion de “corruption de mineurs” revenait souvent dans les articles.
L’Intransigeant du 3 mars : “Les jeunes garçons étaient très courus à Montauban”
Lorsque j’ai eu le dossier d’instruction entre les mains et que j’ai vu le motif de l’inculpation, une question m’a taraudé : La police avait-elle débusqué une affaire de pédocriminalité ?
Avant de continuer, il me faut revenir sur quelques définitions importantes.
1 – Définitions
Pédophilie : “Paraphilie caractérisée par l’attirance ou par des sentiments amoureux persistants d’un adulte ou d’un adolescent envers les enfants , filles et/ou garçons, généralement prépubères ou au début de leur puberté.
Ce terme, par son étymologie, renvoie à l’attirance et à l’amour envers les enfants. Il prend racine dans la littérature médicale, intellectuelle ou artistique, sans correspondre nécessairement au passage à l’acte définissable juridiquement.” Wikipedia
Pédocriminalité : “En criminologie, cela désigne désigne les crimes à l’encontre des mineurs, le terme renvoyant à ceux catégorisés dans l’abus et l’exploitation sexuelle des enfants. On veillera à ne pas confondre le terme de pédocriminalité avec celui plus populaire de pédophilie.” Wikipedia
Pédérastie : La pédérastie est un terme qui a évolué dans l’histoire. Il y a tout d’abord la vision idéalisée de la pédérastie pendant la l’antiquité grecque : “Relation à visée éducative entre un homme mûr et un jeune garçon dont les rapports sexuel ne sont qu’un dimension.” Wikipedia
Puis cette définition a évolué vers “Attirance érotique d’un homme pour les jeunes garçons, généralement adolescents ou pré-adolescents.
Ces deux définitions sous-entendent l’usage d’un pouvoir d’un adulte sur un jeune homme, adolescent ou pré-adolescent, d’où la notion de corruption de mineur.
C’est, par la suite, devenu une définition de l’homosexualité avec des connotations insultantes.
Il ne faut pas oublier que l’insulte préférée de beaucoup, encore de nos jours, est PD !
Corruption de mineur : “Il y a corruption de mineur lorsqu’un individu s’efforce de profiter de la jeunesse et de l’inexpérience de sa victime pour l’initier à un vice, et s’efforcer de l’en rendre esclave. Un tel fait est à l’évidence condamné par la morale.” Dictionnaire du droit criminel
2 – Une loi pour discriminer
Pour rappel, en 1949, un homme était mineur jusqu’à l’âge de 21 ans. Par exemple, un homme de 22 ans, qui avait des relations avec un homme de 20 ans, pouvait avoir des ennuis avec la justice. D’autre part, cette loi scélérate permettait, par sa formulation, de poursuivre un mineur ayant eu des relations avec autre autre mineur.
“La pénalisation de certaines relations entre personnes de même sexe fut toutefois réintroduite dans le droit pénal français par la loi du 6 août 1942, qui aligna l’âge de la majorité sexuelle sur celui de la majorité civile pour les seules relations homosexuelles.” Assemblée Nationale
“Ces dispositions introduisaient une double discrimination. D’une part, elles conduisaient à punir les relations homosexuelles entre une personne majeure et un mineur de plus de 13 ans (ou de plus de 15 ans à partir de 1945). Pour rappel, ce mineur aurait été considéré comme sexuellement capable, dans le sens juridique du terme, en cas de relation hétérosexuelle. D’autre part, la formulation employée, qui mentionnait tout acte impudique ou contre nature commis « avec » un individu de son sexe, conduisait à sanctionner également les mineurs”. Assemblée Nationale
C’est donc, dès le départ de l’enquête, cette notion de corruption sexuelle de mineur que la police a utilisée pour arriver à ses fins.
3 – Hasard du calendrier
Alors que j’écris ces articles, j’apprends qu’une “Proposition de loi portant reconnaissance par la Nation et réparation des préjudices subis par les personnes condamnées pour homosexualité entre 1942 et 1982” a été adoptée le 6 mai 2025, en deuxième lecture, par le Sénat. Elle doit repartir à l’assemblée Nationale pour une Adoption définitive
“D’après des travaux de recherche, près de 10 000 personnes (quasi exclusivement des hommes) ont été condamnées pour ce motif entre 1945 et 1982, avec de la prison ferme dans 90% des cas. Des recherches récentes estiment même le nombre des condamnations pour homosexualité à 50 000.” Source Vie Publique
Je vous invite à lire le rapport qui évoque exactement ce dont que vous ai parlé avec ma série de textes “Être de Montauban“
La proposition de loi, telle qu’amendée par les sénateurs en deuxième lecture, affirme que la République française reconnaît sa responsabilité du fait de l’application de dispositions pénales entre le 8 février 1945 et le 4 août 1982 à l’encontre des personnes homosexuelles. Ces dispositions “ont constitué une discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et une violation du droit au respect de la vie privée“. Source Vie Publique
Cette loi est assez symbolique car beaucoup d’homosexuels, ayant vécu cette répression, ne connaîtront pas le soulagement dû à la reconnaissance des préjudices dont ils ont été victimes.
Complément Bibliographique
La répression de l’homosexualité en France – Denis Quinqueton
Loi du 6 août 1942 – Denis Quinqueton
Gagner les droits des LGBT dans le monde du travail – CGT