Mes premières découvertes musicales ont influencé ce que j’écoute et qui je suis aujourd’hui. Leurs circonstances restent des souvenirs indélébiles. Ce texte est le deuxième d’une suite de chroniques, inspirées par la naissance de de mon petit-neveu.
Une vie sans musique est impossible
Il paraît “Le malheur des uns fait le bonheur des autres”.
Et bien, c’est comme cela que la musique vint à moi.
Je devais avoir 9 ans et j’étais à l’école primaire, en CE1. Notre instituteur, M. Laporte, était de la vieille école. Ses classes étaient souvent fort monotones car, avec lui, pas de fantaisie !
Mais un jour, pour notre plus grande joie, le pauvre homme ne s’est pas présenté et son absence a duré plusieurs mois.
C’est ainsi que nous eûmes un nouvel instituteur, aux antipodes du précédent.
M. Barbetti était un homme jeune et un peu baba cool, avec des cheveux mi-longs et des pantalons velours côtelé à pattes d’éléphant. Il n’était que sourire, douceur et calme. Cependant, je n’arrive plus à me souvenir si il était beau 🙂
Bien sûr, il n’était pas conscient de l’impact qu’il allait avoir sur ma vie et, peut-être aussi, sur celle de certains de mes camarades. Mais, s’en doutait-il, l’espérait-il ?
Un matin, nous l’avons vu arriver avec un grand carton dans lequel il y avait un tourne-disque. Sans nous donner d’explications, il nous a seulement demandé de nous calmer et mis un disque sur la platine.
C’est alors que la musique a commencé, c’était le Concerto pour piano n°1 de Tchaikovsky.
Il m’est difficile de décrire le choc de cette première écoute mais je peux vous dire qu’il a conditionné toute ma sensibilité artistique.
Une sensation de moment magique, une envie de pleurer de bonheur, une joie qui submerge au point d’éclater de rire, un maelström d’émotions et de réactions enchevêtrées, j’ai vécu tout cela un matin de 1975 le temps de la face d’un disque de Tchaikovsky.
Même si je n’y suis plus vraiment sensible, j’ai compris ce qui m’est arrivé en réécoutant ce morceau et j’ai ressenti, à nouveau, une multitudes d’émotions.
Bien sûr, cette expérience ne fut pas la seule qui m’a ouvert l’esprit à la musique. Pourtant, cela fait plus de 50 ans et le souvenir est tellement vif, un moment important dans ma vie.
Même si je n’ai jamais revu M. Barbetti, ni eu de ses nouvelles, j’aurais aimé qu’il le sache.
Nous devrions tous avoir un M. Barbetti dans notre vie.
La suite : Le festin sonore ou l’éducation d’une oreille (bientôt en ligne)